Lajoux et ses forêts

Comme son nom l’indique, la forêt est la ressource naturelle qui est à l’origine des activités humaines sur le territoire de notre commune. Ces activités demandent de grands volumes de bois. En particulier la réduction du minerai de fer qui requiert d’énormes quantités de combustible sous forme de charbon de bois, et ce probablement depuis la période romaine jusque dans les années 1500. Le déboisement massif de cette époque fait que les essences originelles sont progressivement remplacées par des résineux, pour aboutir aujourd’hui à une situation ou l’épicéa domine largement dans nos forêts et sur nos pâturages.

 

Lajoux, "Combe des Beusses"
Fabrication de charbon de bois en vue d'une reconstitution archéologique de réduction du minerai de fer dans des bas-fourneaux

 

L’agriculture et en particulier l’élevage opèrent eux aussi une transformation progressive de la forêt vers le pâturage boisé tel que nous le connaissons aujourd’hui.

 

Actuellement les forêts de Lajoux se répartissent en deux secteurs bien distincts, les pâturages boisés et les forêts fermées. Jusqu’en 1940 les pâturages communaux ressemblent à tous les pâturages des Franches-Montagnes, mais à partir de cette date dans la communauté une volonté de déboisement intensif existe, d’autant plus que le façonnage et le débardage des bois sur le pâturage est simple et aisé. A cette période une forte demande de bois de cette qualité pour l’industrie et la construction favorise ce déboisement qui se poursuit inexorablement. Une nouvelle mode voulait qu’il existe une frontière bien nette entre forêt et pâturage, les arbres n’avaient plus leur place sur les pelouses. L’agriculture qui se mécanise ne trouvait pas pratique cette double vocation des surfaces, agricole et forestière en même temps.

 

De nos jours à Lajoux le boisement sur pâturage en est réduit à quelques vestiges, mais une forte volonté de la population et des autorités se fait ressentir pour améliorer cette situation. Un seul pâturage sur notre commune est encore vraiment digne du nom de pâturage boisé, c’est le secteur du Bois-des-Joux.

 

Pâturage boisé du "Bois-des-Joux" avec enclos de protection de la revenue
 


En plus d’être un milieu biologiquement très spécialisé, complexe et en même temps extrêmement riche et varié, il est le principal constituant du paysage si extraordinaire et si caractéristique des Franches montagnes, tellement qu’il véhicule l’image de ce pays et de l’ensemble du Jura bien au-delà de nos frontières. Ce sont là des atouts majeurs et nous croyons aujourd’hui que sa conservation et sa réhabilitation, dans une perspective de développement durable son tout à fait nécessaires.

 

En 1960 les pâturages de Lajoux représentent une surface totale de 338 hectares. Il demeure aujourd’hui 61 hectares de surface boisée, à 99 % d’épicéas et 1 % de sapins. Leur volume moyen par tige est d’environ 4,5 m3, ce qui est très élevé.

 

En prélevant beaucoup de bois sur les pâturages la commune ne respectait pas la loi fédérale sur la conservation de l’aire forestière, et c’est pour pallier à cet état de fait qu’elle soustrait au parcours du bétail les secteurs les moins intéressants, ce qui aboutira à la constitution de deux beaux massifs forestiers, l’un dit Les Fiefs, et l’autre dit l’Envers des Combes. En plus de ces deux secteurs, la commune possède encore différentes petites surfaces de forêts dites fermées, comme par exemple le Droit des Combes.



Les Fiefs 

La forêt des Fiefs s’étend sur 65 hectares. L’épicéa et le sapin blanc, à parts égales, y règnent en maîtres. 5 % des tiges sont des érables et des hêtres. Environ 50 beaux douglas y prospèrent et viennent étoffer cette composition d’essences. Ces douglas ont étés plantés au début du siècle et se rajeunissent naturellement. On peut signaler dans les Fiefs la plantation de merisiers à titre d’essai. Malgré les 1000 m. d’altitude de cette station, ces arbres forestiers se comportent pour le moment de la meilleure façon possible. Une particularité de la forêt des Fiefs est de rester toujours fraîche, même par un été comme celui de 2003, et de ne pas trop souffrir de la sécheresse car le sol y est très profond.

Un chemin à camions et un bon réseau de pistes de débardage permettent une exploitation très fine et très respectueuse des peuplements.

Voie forestière dans la "Forêt des Fiefs" pour la sortie du long bois


L’Envers des Combes

La forêt est ici proche de l’état naturel et sa surface, en y incluant le "Droit-des-Combes", est de 57 hectares.

Forêt caractéristique des envers, elle est composée d’essences typiques de la station. C’est une hêtraie à sapins ; sapins blancs, épicéas, hêtres, érables et quelques frênes y font bon ménage. Suite aux coupes de bois ou aux catastrophes naturelles, le rajeunissement s’y installe pratiquement sans l’aide du sylviculteur.

Un chemin à camions et quelques pistes aménagées la desservent et permettent un débardage assez aisé. Les buts de la sylviculture sont ici le maintien de la structure le plus étagé possible et l’obtention d’un mélange des essences aussi proche que possible de l’état naturel de la forêt.

La forêt de "l'Envers-des-Combes", aux essences bien mélangées, est traversé par un chemin qui offre de très belles promenades et constitue un tronçon des sentiers "En marche vers le paysage"

 

En 1995 le volume de bois exploitable annuellement dans toutes les forêts de la commune, appelé aussi quotité, à été revu à la hausse. Jusqu’à ce moment là et depuis environ 20 ans, on coupait chaque année 800 m3 auxquels il fallait ajouter entre 300 et 400 m3 de bois secs ou dépérissants. Depuis que la quotité a passé à 1525 m3 annuellement, celle-ci a été réévaluée en 2012. La santé des peuplements s’est très sensiblement améliorée. L’ouragan Lothard a abattu 4000 m3 de bois dans nos forêts, et les années suivantes c’est le bostryche qui à fait une apparition massive. Compte tenu de la très bonne accessibilité des forêts communales, les équipes de bûcherons peuvent y intervenir rapidement.

En 2002 la commune acquiert la Côte d’Oye, 18 hectares de forêts privées qui s’ajoutent à son patrimoine. Un contrat de mise en réserve naturelle a été conclu avec la confédération pour une durée de 99 ans. Ces 18 hectares représentent 10 % environ de la surface forestière Communale.

 

Réserve forestière de la "Côte-d'Oye"
Dans la perspective de la certification des forêts jurassiennes, la commune de Lajoux a consitué à la Côte-d'Oye la première réserve forestière du Canton.


Les forêts privées à Lajoux, dont nous n’avons pas parlé plus haut, recouvrent une superficie de 114 hectares contre 193 hectares pour les forêts communales.

Un homme en particulier veille sur ce précieux patrimoine. Monsieur Guillaume Schaller est garde forestier et assume la responsabilité du triage de la Courtine et environs qui regroupe les communes de Lajoux , Les Genevez, Montfaucon, Saint-Brais et Montfavergier, ainsi que les propriétés du syndicat intercommunal G.L.M.


Gervais Gigandet, Président du triage de la Courtine et environs.

Yan Maurer, Conseiller communal, responsable du dicastère.

Guillaume Schaller, Garde forestier.